« Les tours parlent 2 – Zagreb, tout le monde descend ! »
un projet porté par Kali&co et TOPIK (Collectif de recherche et d’intervention en Sciences Humaines et sociales).
Texte de Jérémy Blin
En 2010, inscrite dans la programmation du Festival Les Tombées de la nuit, se poursuit l’aventure amorcée en 2009. Des ateliers d’écriture se penchent vers la réalisation d’une structure qui organise une forme dialoguée. Les ateliers théâtre reconduisent le principe explorateur de l’interprétation d’un même rôle par plusieurs voix. L’argument du récit est mis en action dans une interaction entre garçons et filles. La scénographie prend forme à partir d’une autre place (place Zagreb), à partir d’autres tours. Née de la réalité in-situ, elle positionne le public au centre de la place. Le dispositif et la fiction qui se joue avec lui l’impliquent. Dans ce théâtre de tours, les sources physiques de la parole et de l’animation sont séparées du «sujet parlant». Ce qui n’est pas montré remet en doute ce qui est vu et façonne d’autres perspectives du réel. Par son adhésion à cet espace dramatique in-situ, le spectateur participe à l’émergence de la transformation théâtralisée de la réalité d’un environnement. La mise en acte se joue entre la matière inerte des tours et sa matière rendue vivante. Les voix, les sonorités musicales, les lumières créent ensemble décalages et rapprochements dans un même mouvement avec la réalité première de l’environnement urbain. D’autres lectures du Réel sont potentiellement présentes pour chacun de ceux qui regardent. Les voix chantantes et récitantes résonnent dans un mouvement musical ponctué par les fugitifs éclairages qui recouvrent ces tours. Les points de vue sont démultipliés, tandis que l’installation attribue le premier rôle à des tours plus quotidiennement en apparence bloc de silence. L’histoire évolue entre soliloque et dialogue, épique et dramatique, parole et chant. À la manière de toute tragédie grecque, c’est plus particulièrement dans la confirmation de cette alternance entre parole et chant que se précise la naissance des premières sonorités du déploiement d’une choralité.
En parallèle du projet, Antonin Alloggio réalise un film pour enquêter sur la naissance du désir et du sentiment amoureux chez les adolescents.