Nous vous parlons d’amour

Nous vous parlons d’amour

Création le 26 février 2025 au Théâtre National de Bretagne.

Après Le Rance n’est pas un fleuve/les Épiphaniques, il s’agit de faire en sorte que cette magnifique « humanité » que nous avons pu transmettre au public puisse faire quelque chose ensemble ; que cette humanité, avec ses codes qui ne sont pas tout à fait ceux auxquels nous sommes habitués, nous fasse vivre les premiers pas d’un monde que nous devons tous construire depuis longtemps mais que la violence du quotidien nous empêche de faire. Nous cherchons à donner vie à un endroit dans lequel nous retrouvons les éléments les plus ancestraux, avec une âme d’enfant, pour construire une société plus juste, innovante, vraie, sincère. Poser la question de ce qui est important pour nous tous, ce qui est nécessaire et essentiel. Quand, grâce à la liberté, nous n’oublions jamais de jouer ensemble, de s’aimer librement, d’exprimer des sentiments, de manger ce qui nous fait plaisir, d’appeler quelqu’un et qu’il réponde.
Nos spectacles ne vivent pas à des endroits définis, évidents, connotés. Ils se construisent dans des espaces neutres.
Des espaces qui nous permettent de faire en sorte que l’humain puisse exister avec toute sa solitude pour aller vers l’autre. Des espaces qui nous rendent captifs d’une exposition permanente pour nous obliger à parler, à agir. Des espaces qui rendent chaque mouvement essentiel pour notre existence-même.
Des espaces dans lesquels la nécessité est maître. Chaque élément scénique devient une multitude de possibilités.
L’humain qui habite les travaux de la compagnie parle déjà avec son corps.
Cette évidence permet de ne pas évoquer le ou la fragilité, mais de faire en sorte que le problème ou la fragilité soit une vertu, une force.
Ses capacités à prendre des risques deviennent une chance pour le personnage qui va parler au plateau. Ses émotions sont sincères, sans filtre, vibrantes, vitales. Parfois brutales.
Dans cette tension sur le fil des émotions vraies, un mot est notre compagnon, et le compagnon de Jeanne Benameur dans le texte qu’elle a écrit : « la douceur ».

Massimo Dean

Une création sur un texte inédit de Jeanne Benameur

Quand j’ai rencontré Jeanne Benameur, la première fois, je lui ai parlé du fait que le travail avec une troupe est une occasion unique pour une écrivaine d’avoir une matière vivante. Je lui ai présenté comment je travaille, ce que je cherchais après le premier volet de notre aventure et lui ai surtout dit d’avoir confiance. Le mot « liens » est le maître mot de cette aventure. Avec douceur. Je lui ai demandé d’être présente à chaque résidence pour vivre avec nous cette histoire et pouvoir la transcrire au plus proche de notre âme. Si je dois le dire de façon très simple, elle raconte un peu notre histoire. Universelle. Une histoire qui essaie de fabriquer une possibilité du monde nouveau. Ce monde dont nous rêvons tous et que nous n’arrivons jamais à construire.
Entre juin 2023 et juin 2024 nous avons eu la chance de faire 4 résidences pour permettre aux acteurs de rentrer dans l’écriture de Jeanne Benameur, de créer un groupe uni
avec les nouveaux arrivants, de permettre
à qui n’avait jamais fait du théâtre de travailler et de rencontrer le public parce que, à la fin de chaque résidence, nous avons présenté ce que nous appelons « un tentacule ».
Jeanne Benameur a partagé ces résidences avec la troupe pour faire émerger son texte. Une autre spécificité de notre travail, est que nous menons nos résidences dans des lieux très particuliers qui sont intimement liés à la vie de chacun du groupe : un parc, un hôpital psychiatrique, une friche industrielle, une ancienne prison…

Massimo Dean

« Je n’ai pas l’habitude de m’engager sur une longue période avec des contraintes de présence tant j’ai besoin de temps vide et libre pour écrire. On ne sait jamais pourquoi on dit oui un jour. J’ai dit oui et j’en suis bien heureuse. L’aventure dans laquelle nous sommes tous lancés me paraît à sa juste place aussi bien dans ma vie d’écriture que dans ma vie toute courte et ma vie de citoyenne inquiète du monde. Nous oeuvrons ensemble et le mot « ensemble » a toute sa force.
Au fur et à mesure des temps passés avec la troupe, je suis de plus en plus profondément touchée et engagée. Il y a une force et une espérance formidables dans ce travail.
Ce qu’on appelle « les marges » deviennent rhizomes fertiles. Je crois en l’avancée humaine qui se fait envers et contre tout. Il y a là une foi dans l’être humain qui me va bien. Le travail est exigeant et j’aime ça. Nos présences sont vives. Nous serons tous transformés par l’expérience et c’est ce que je demande à l’écriture. Chaque texte me transforme et, je l’espère, me rend plus sensible à l’humanité qui est en moi et dans chacun d’entre nous. Ce projet est une étape dans ma vie qui m’importe donc et qui m’est très chère. Merci à toutes celles et ceux qui en permettent le déploiement.
Cette troupe me relie au monde comme je ne pouvais pas l’imaginer. Je les regarde. Je les écoute. Ils sont le monde. Eux qu’on pourrait croire à la marge, ils sont le cœur du monde.
Parce qu’ils ont traversé les épreuves, parce qu’ils les traversent encore pour certains, dans leur chair, dans leur âme, ils me rappellent, sans fard, ce qu’est le monde. Ici et ailleurs. Et ça me bouleverse. Alors j’écris des paroles qui pourraient se dire à l’autre bout de la terre ou tout près de nous, si près qu’il faudrait les murmurer.
J’écris des choses que j’ai vécues et qu’ils me rappellent. J’en imagine d’autres encore.
Et j’écris dans la confiance magnifique que mes mots seront portés. Je les ai vus incarner Le pas d’Isis, La Promesse, L’homme de longue peine. J’écris aussi ce que j’ai éprouvé alors.
Ils avancent lentement. Chacun portant un geste qui dit Je suis là J’existe. C’est un poing brandi.
Deux bras levés très haut au-dessus de la tête. Deux mains appuyées fort contre les oreilles. Une paume de main collée à une bouche.
Deux bras qui enlacent une poitrine.
Ils sont là. Dans une présence absolue.
Ils disent que la vie résiste, que les tyrans,
la misère, l’injustice profonde des sociétés ne
les empêcheront pas d’avancer.
Ces textes-là, issus directement de leur travail, viennent marquer un rythme, une scansion, dans les autres textes.
Et nous parlons d’amour, même si c’est dans la rage parfois ou la grande tristesse. Ce titre Nous vous parlons d’amour… dit qu’au bout il y a du possible, une joie possible peut-être.
Moi, grâce à eux, à travers eux, je crois que l’amour peut se dire encore et se partager.
C’est ma « petite espérance ».

Jeanne Benameur


Une création musicale de Laetitia Shériff

Laetitia Shériff est présente pendant toutes les résidences depuis juillet 2023 : elle crée la musique pendant les répétitions en écho constant avec le travail de plateau sur les textes, doublé d’un travail-studio de création musicale. Elle partage la scène avec les comédiens dans le spectacle, interprétant en live ses morceaux musicaux.

« La compagnie Kali & Co qui m’accueille au sein de leur famille, m’embarque dans une humanité inespérée. J’ai l’impression de me trouver dans un grand laboratoire avec des hommes et des femmes qui m’apprennent à me sentir comme rarement, à ma place.
Je suis touchée.
Je suis touchée de les rencontrer.
Je suis touchée par les mots de Jeanne.
Ces mots, j’aime les écouter dans leurs bouches, dans leurs corps.
Je prends le temps de les découvrir,
de les comprendre, de les assimiler.
Ces mots mais surtout ces êtres, sont la combinaison idéale pour créer une bande son qui me rappellera ce qu’est l’espoir, l’Amour ou tout ce qui peut nous faire avancer : en quelques sortes, tout ce qui fait que j’ai commencé à et aimé faire de la musique. »

Laetitia Shériff

Avec
ASMA H.
EMMA JULIEN LAFERTE
EMMANUELLE LE BIGOT
GWENAELE RODDIER
JÉRÔME JÉZÉQUEL
KATY B.
MARC SPARFEL
MARIE SABY
TAM-ARA
THOMAS LAFFON
et la musicienne
LAETITIA SHÉRIFF

Mise en scène
MASSIMO DEAN
Texte
JEANNE BENAMEUR
Musique et interprétation musicale
LAETITIA SHÉRIFF
Scénographie, régie générale et création lumière
RONAN CABON
Régie son
CLÉMENT LEMENNICIER
Travail du corps
FANNY BRANCOURT
Production et coordination
CÉLINE BOUTELOUP
Assistant de production
FABRICE BOUVAIS
Complicités cinématographiques
CORENTIN LECONTE
MÉLANIE SCHAAN
Photographies
RICHARD LOUVET
Production : Compagnie Kali&Co.
Coproduction : Les Tombées de la Nuit ; Théâtre National de Bretagne, Centre Dramatique National (Rennes) ; CNCA, Centre National pour la Création Adaptée – Morlaix.

Aide à la Résidence d’écriture :
Les Champs libres.
Accueils en résidence : Centre Hospitalier Guillaume Régnier, Théâtre National de Bretagne, CNCA-Morlaix et La Fonderie-Le Mans.
Construction du décor : Les ateliers du TNB et de la Fonderie-Le Mans
Laboratoires voix et corps : Marlon Soufflet et Katja Fleig.
Soutiens et partenaires : La Ville de Rennes et Rennes Métropole, le Département d’Ille-et-Vilaine, La Région Bretagne, la DRAC Bretagne, le Haut-commissariat à la lutte contre la pauvreté, la FAS, le FILE – fondation JM Bruneau, l’Unité Mobile précarité-Psychiatrie, le Centre Hospitalier Guillaume Régnier, le Relais Centre-ville, le SEA35, l’AIS35, le Centre thérapeutique Jamet Frame, la Fraterie du Quartier, l’ALAPH, les Journées Paul Ricoeur, les Universités de Rennes, L’Université d’Artois, Mille et Une. Films.


Remerciements à toutes celles et ceux qui croient en nous, en soi, en l’autre.
Le texte de Jeanne Benameur, écrit pour le spectacle, est publié aux éditions Bruno Doucey (janvier 2025)

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